Les différentes formes du Bokken Japonais – Atelier Horinouchi

Cet article a été publié pour la première fois en 2015, avant la fermeture de l'atelier en septembre 2019. Pour plus d'informations sur la fermeture de l'atelier Horinouchi et son impact considérable sur l'industrie des équipements de Budo, n'hésitez pas à consulter l'article suivant : Fermeture de l’Atelier d’Armes en Bois Horinouchi : La Fin d’un âge d’or

Les différents types de Bokken

Atelier Horinouchi

Le Bokken est un outil. Il peut soit chercher à représenter fidèlement le sabre, soit servir d’outil de renforcement, ou bien encore servir d’outil de précision lorsqu’il est très léger. Certaines écoles vont jusqu’à le considérer comme une arme à part entière et l’étudient comme tel. Si en Aikido, Kendo ou en Iaito, des Bokken relativement classiques sont utilisés, les écoles de Kenjutsu, Koryu et Kobudo, vont utiliser des armes très spécifiques, particulièrement développées pour sous-tendre le développement physique et technique spécifique à l’école. Depuis 1923, l’atelier Horinouchi met un point d’honneur à conserver un exemplaire de toutes les armes fabriquées. Si le nombre de modèles disponibles n’est pas clairement établi, on trouvera plus d’une centaine de modèles en exposition dans le petit musée privé de l’atelier.

Musée personnel de l’atelier Horinouchi

Musée personnel de l’atelier Horinouchi

Atelier Horinouchi

Fondé par maître Horinouchi Noboru en 1923, son effectif a varié de 1 à plus de 30 artisans à son âge d’or. Rapidement reconnu comme un artisan de grande qualité, il compte parmi ses clients l’armée japonaise ainsi que le détachement spécial pour les chemins de fer en Mandchourie (lors de l’invasion par les Japonais avant la Seconde Guerre mondiale). Ce n’est qu’en 1967 que l’entreprise "Horinouchi Noboru Seisakujo" est créée, principalement pour permettre des investissements. En 1984, peu de temps après la création de l’association de protection des artisans (qui regroupe les 4 derniers ateliers), Horinouchi Noboru reçoit le titre de "Dento Kogeishi". Aujourd’hui, l’entreprise est dirigée par son fils, compte une douzaine d’employés, et produit environ 250 pièces par jour.

Atelier Horinouchi

L’atelier Horinouchi est celui ayant le plus théorisé la fabrication du Bokken. C’est d’eux que viennent la plupart des termes techniques utilisés pour définir les différentes formes existantes (Kantogata, Kendogata, etc. pour le Kissaki par exemple).

Lors de notre visite, maître Horinouchi nous indiquait par exemple qu’il existe même des variations entre différents dojos d’une même école. Par exemple, le Bokken Kashima Shin Ryu ne sera pas parfaitement identique selon qu’il soit commandé directement par le dojo central du Shiseikan ou par des membres n’appartenant pas directement à ce dojo.

Quelques pièces de collection de l’atelier.

Quelques pièces de collection de l’atelier.

Les diverses récompenses reçues par l’atelier et ses artisans.

Les diverses récompenses reçues par l’atelier et ses artisans.

La forme du Bokken

La grande majorité des Bokken que l’on trouve de nos jours est de forme dite "standard" ou "supérieure". La sori est identique, le poids similaire, et seules les finitions du tsukagashira (pommeau), mine (arrête supérieur) et kissaki (pointe) varient légèrement. Ces Bokken dits "standards" sont principalement utilisés en Kendo, en Aikido, et dans une moindre mesure en Iaido.

Il existe en réalité plus d’une centaine de formes différentes encore utilisées aujourd’hui, variant en épaisseur, poids, longueur, courbure, etc. Chaque école de sabre traditionnelle (Yagyu Shinkage, Keishi Ryu, Kashima, Katori, etc.) a son propre modèle, conçu pour correspondre au mieux aux qualités développées par la pratique des kata de chaque école. Certaines écoles vont jusqu’à adapter la longueur et le poids de l’arme en fonction du pratiquant, ce qui complique encore un peu plus la tâche des artisans.

Si la fabrication d’un Bokken est relativement rapide, elle nécessite cependant une connaissance parfaite de l’objet, et une bonne maîtrise des outils. De la Tsuka au Kissaki, en passant par l’épaisseur, la position du shinogi, la forme du mine ou encore l’importance de la courbure, le Bokken est si complexe dans sa fabrication que les maîtres artisans du Kyushu qui se connaissent tous entre eux sont capables de dire qui à fabriquer un Bokken seulement en analysant ses caractéristiques.

Nous vous présenterons dans cet article les éléments les plus importants, à savoir, les différents types de Sori (courbure), Kissaki (pointe), Tsukagashira (pommeau) et mine (l’arête supérieure).

Courbure (sori)

Les différentes courbures des bokken

La sori ou courbure est probablement l’élément le plus important du Bokken après sa taille et son poids, son équilibre et le comportement du Bokken lors des mouvements seront fortement influencés par la position de la sori. On utilisera la prononciation "zori" lorsque le mot est placé en seconde position dans une expression. La sori est en générale située plutôt au centre, mais avec quelques variations en fonction des artisans. Le standard est donc un "kyo zori", ou "courbure centrale". Les Bokken de Koryu (stylisé) eux, peuvent présenter tous ces types de sori, Suguhazori, Kyozori, Koshizori ou Sakizori.

Kissaki (pointe)

Les différentes finitions des Kissaki sur Bokken

Le Kissaki ou pointe aura, contrairement à la courbure, assez peu d’importance dans le comportement du Bokken. Son rôle est principalement esthétique. Ainsi, les Bokken classiques existent en finition "Shokissaki" (petite pointe) ou Daikissaki (grande pointe), et même éventuellement en "Tokudaikissaki" (très grande pointe). Le comportement du Bokken sera cependant légèrement modifié dans le cas d’un kissaki plat ou biseauté, augmentant le poids à la pointe du Bokken et déplaçant donc l’équilibre vers la pointe.

Le Bokken Aikido Iwama Ryu est un excellent exemple de Bokken lourd conçu pour développer de la puissance, avec un équilibre repoussé significativement vers la pointe grâce à son kissaki plat ou dirait-on à "l’absence de kissaki". Il existe également la finition "Kendogata", présente essentiellement sur les anciens Bokken de Kendo, et les finitions "Kantogata" (Kanto-style, Tokyo area) et the "Unokubi", beaucoup plus rares, mais que l’on retrouve cependant sur certains Bokken Koryu (stylisés).

Mine (arête supérieur / forme générale)

Les différents types de mine pour Bokken

Il existe principalement quatre types de mine (forme générale de la lame). Les formes Hiramine et Kenmine auront peu d’influence sur le comportement du Bokken, en revanche, les formes Marumine et Gyo no mine modifient significativement la répartition du poids du Bokken et donnent généralement des Bokken plus légers. Il existe également une forme intermédiaire entre le hiramine et le marumine où seules les arrêtes latérales gauche et droite sont arrondies, mais le dessus reste plat comme sur la forme hiramine. C’est notamment le cas de la première forme du Bokken Iwama Ryu (Takemusu), aujourd’hui remplacé par une forme hiramine classique. Les Bokken classiques présentent quant à eux une finition Hiramine ou Kenmine.

Tsukagashira (pommeau)

Bokken - Tsukagashira (pommeau)

Le Tsukagashira correspond à la forme du pommeau. Il n’existe que sous deux formes, plate (Tsukagashira) ou bombée (hanmaru). Ayant principalement une fonction esthétique (la majorité des Bokken Koryu ont sont de forme tsukagashira), il est intéressant d’utiliser un Bokken en finition hanmaru lorsque l'on place le petit doigt au niveau du pommeau, pour des raisons de confort.

Atsumi (épaisseur)

Si de nombreuses variations sont possibles, il existe globalement 3 gammes d’épaisseurs. Les Bokken fins, de type Yagyu Ryu. Les Bokken standard, qui représentent la majorité des modèles, et les Bokken épais de type Keishi Ryu par exemple.
Si il y a une limite dans la finesse des Bokken, notamment pour conserver une certaine solidité et éviter que le Bokken ne se torde (sous l’effet de la chaleur et de l’humidité), il n’y a presque aucune limite dans l’épaisseur. Bien entendu, au-delà d’un certain poids, l’arme rentre dans la catégorie Suburito et non Bokken, et l’on retrouvera des Suburito de plus de 50 kg dans certaines écoles anciennes basés sur le renforcement pur.

Il existe une limite à la minceur d'un Bokken, en particulier pour l'empêcher de se tordre (lorsqu'il est exposé aux changements de température et à l'humidité) et pour conserver une certaine stabilité. Mais il n'y a presque aucune limite concernant son épaisseur.
Au-delà d'un certain poids, le Bokken rentre bien entendu dans la catégorie Suburito. Ils peuvent peser jusqu'à 50 kg et sont utilisés dans certaines écoles pour l'entraînement musculaire.

Tsuba (garde) / optionnel

Tsuba (garde) / optionnel

Si la tsuba éventuelle est généralement en plastique ou en cuir, celle-ci peut également être en bois.
Pour qu’une garde puisse être fixée, il faut impérativement que le Bokken ait été conçu dans ce but, laissant une ligne de démarcation claire, servant de butoir à la tsuka. Par opposition, la finition dite "Tsubanashi" ou "Ryakushiki", est une finition ne laissant apparaître aucune démarcation entre poignée et lame. En dehors des Bokken classiques, lorsque l'on parle de Koryu (Kenjutsu), c’est la finition la plus courante.

Hi, Bohi, ou "Gorge" / optionnel

Bokken - Gorge (bohi)

Tous les Bokken dits "standards" peuvent être munis d’une gorge. S’étalant sur la quasi-totalité de la lame, la gorge a, dans le cas d’un Bokken, une double fonction. Elle permet la création d’un son caractéristique qui sera familier aux pratiquants d’Iaido et elle permet d’alléger significativement le poids du Bokken. C’est une finition particulièrement utilisée par les pratiquants d’Iaido en raison de la présence d’une gorge sur les Iaito (et généralement sur les Shinken).
En dehors des Bokken spécifiquement conçus pour l’Iaido, il n’existe pas de modèle Koryu disposant d’une gorge.

Interview avec Matsuzaki Yoshiaki publiée en 2017

Interview vidéo détaillée publiée 3 ans plus tard.

4 commentaires - Les différentes formes du Bokken Japonais – Atelier Horinouchi


Publié par Laszlo Racz le .

Great article!


Publié par Joe Beckham le .

I’m interested in bokken prices.


Publié par Jordy Delage le .

In reply to Joe Beckham.
Thank you very much for your comment.
For pricing, please check out our website SeidoShop.com


Publié par Francisco de los Cobos le .

Thanks for all this detailed information, it’s great to have access to more knowledge about the weapon I like the most.


Laisser un commentaire

Inscription à la newsletter

1 à 2 emails par mois maximum. Nous ne partageons pas vos données.