Iaito – Origine et méthodes de fabrication

L’origine et la fabrication du Iaito, réplique du Katana Japonais

Visites aux ateliers Minosaka et Jisei

L’origine du Iaito ne remonte pas très loin, aux années 60 à peu près. La création de cet outil de pratique fut principalement motivée par les nouvelles lois et règlementations mises en place après la Seconde Guerre mondiale. Depuis lors, fort de l’expérience de nombreux corps de métier dans la fabrication du Nihonto (sabre japonais) quelques artisans japonais ont développé un savoir-faire toujours inégalé en dehors de l’archipel.
Nous nous sommes rendus dans la région de Gifu, à la rencontre des ateliers Minosaka et Nihon Token (Jisei), deux des ateliers les plus réputés au Japon. Familiers du sujet depuis quelques années, nous avions beaucoup de questions à leur poser. Nous vous en proposons ici la synthèse.

Ensemble de Iaito

L’interdiction du port d’arme

En 1958, en relation avec la nouvelle politique pacifiste du Japon, une série de lois extrêmement restrictives sur le port d’armes est votée par le gouvernement japonais. Il est dorénavant interdit de porter ou transporter tout ce qui peut ressembler à une arme, que ce soit une arme à feu ou un simple couteau de cuisine. Plus restrictif encore : la fabrication d’armes blanches est très strictement réglementée et encadrée.

Le Katana japonais, autrement appelé Nihonto, est alors placé dans une catégorie spéciale relative à la préservation des arts et traditions anciennes, et sa fabrication n’est pas interdite. En revanche, la réglementation est sévère et seuls les forgerons agréés par le gouvernement sont autorisés à les fabriquer, en respectant des quotas relativement sévères. La fabrication de sabres en acier, de machettes, ainsi que d’un bon nombre d’autres armes de ce type est alors totalement prohibée en dehors du cadre précédemment décrit. Il est également interdit de fabriquer toute lame dont une modification mineure permettrait de la transformer en arme tranchante. Ces nouvelles lois sont très techniques, mais en ce qui concerne les sabres le résultat est simple : la fabrication de sabres en acier non tranchants est interdite, et ce pour la simple et bonne raison qu’il suffirait d’une meule pour l’affuter et le transformer en arme tranchante.

Cet ensemble de lois a probablement beaucoup profité au Japon et si, jusqu’à la fin des années soixante, le pays n’était pas aussi paisible qu’aujourd’hui (je fais notamment référence aux émeutes de 1968 parmi les plus violentes du mouvement soixante-huitard mondial). Il n’en reste pas moins qu’à ce jour, le Japon est l’un des pays au plus faible taux de criminalité au monde, il est presque impossible d’y trouver une arme à feu, extrêmement difficile d’y trouver une arme plus dangereuse que le couteau de cuisine. Nous pourrions pousser la réflexion jusqu’à dire que ces lois et la philosophie, qui les accompagnent, sont également causes de profondes mutations dans la pratique des arts martiaux modernes, mais, c’est là un autre sujet qui mériterait un article approfondi.

Notons que la possession d’un Nihonto n’est autorisée que si celui-ci est dûment enregistré au commissariat de référence du lieu de résidence, et si ledit objet répond à un ensemble de critères le plaçant dans la catégorie d’« objet d’art ». Le transport du Nihonto n’est théoriquement pas autorisé, mais est toléré dans une certaine mesure si celui-ci est justifié, et le bon d’enregistrement du sabre doit toujours se trouver avec l’arme.

Exemple de l’enregistrement d’un Tanto

Exemple de l’enregistrement d’un Tanto (Source)

L’origine du Iaito

Partant de ces constatations, les pratiquants d’Iaido ont dû trouver des solutions pour continuer à s’entraîner. Depuis le début de l’ère Meiji, le Kenjutsu et l’Iai n’ont pas la cote et les artisans du secteur ont tout autant souffert que les différentes écoles qui ont eu du mal à survivre à cette époque. Alors, qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les sports occidentaux prennent de plus en plus d’importance, et où les stigmates de la guerre ne motivent pas les Japonais à se tourner vers « l’art de la guerre » qu’est la pratique du sabre, et à une époque où les lois ne facilitent pas le travail des artisans du secteur, un artisan de la région de Fukuoka a tout de même l’idée de concevoir le Iaito. En effet, malgré le peu de pratiquants restants, ceux-ci ont tout de même besoin d’un sabre pour pratiquer ! Le premier Iaito est donc composé d’une lame en alliage assez basique, solide, mais non aiguisable, et de Kanagu autrefois destinés aux Nihonto. La qualité n’est pas tout à fait au rendez-vous et il faudra une dizaine d’années avant que le Iaito ne devienne une réplique exacte de Nihonto dont seule la lame est modifiée pour s’adapter à la règlementation.

C’est à l’occasion d’un voyage dans la région de Gifu pour rencontrer des artisans du secteur que l’idée de fabriquer un Iaito germe dans l’esprit de son concepteur. Malheureusement, le premier atelier de Fukuoka se concluera par un échec et, c’est dans la région de Gifu que quelques années plus tard (début 1970) que vont progressivement s’installer tous les ateliers d’Iaito.
Il existe ainsi aujourd’hui, 4 (peut-être 5) ateliers qui se répartissent la totalité de la production d’Iaito au Japon.

Pourquoi Gifu? Gifu correspond historiquement à l’une des 5 grandes écoles traditionnelles de forge, l’école Mino. Gifu est l’unique école de forge située dans une région où l’on ne trouve pas de minerai de fer et si les forgerons de la région travaillent le fameux Tamagahane sur place, il faudra importer le minerai d’autres régions. Ce sera pourtant la seule école à avoir subsisté jusqu’à nos jours. Pourquoi ? Sans être catégoriques, les forgerons comme les ateliers d’Iaito pensent que cela tient à l’organisation du travail dans cette école. Une organisation qui consiste notamment en une excellente synergie entre les différents acteurs de la fabrication de sabre, de la lame aux kanagu en passant par la saya. Cette synergie a permis aux artisans de la région de résister à l’ère Meiji, époque où le sabre est totalement tombé en désuétude, et qui sera venue à bout de la quasi-totalité des artisans et forgerons de la période pré-Meiji. Par ailleurs, la région de Gifu est réputée pour produire le meilleur « Honoki » de tout le Japon – bois de Magnolia notamment utilisé pour les saya et tsuka. C’est donc tout naturellement que s’installe la fabrication d’Iaito dans cette région où les traditions artisanales ont pu être préservées.

Idées reçues

On entend souvent que l’Iaito est trop léger et ne permet pas un travail comparable au travail avec un sabre en acier. S’agit-il d’une croyance populaire ou du résultat de campagnes marketings opérées par de nombreuses entreprises non japonaises produisant des « Iaito » bas de gamme en acier, je ne le sais pas. Ce qui est certain en revanche, c’est que ces assertions sont fausses. Le poids d’un Iaito est généralement compris entre 750 et 1200 g alors que le poids moyen d’un Nihonto de taille comparable est d’environ 900 à 1200g. Certes, on argüera que 750 g, c’est peu. C’est en réalité un souhait des pratiquants d’Iaido pour rendre le maniement du sabre plus aisé lors des kata. Pour l’entraînement à la coupe (Tameshigiri ou Batto), on optera pour des Iaito plus lourds, autour de 1000g environ.

Il est tout à fait possible de modifier l’équilibre d’un Iaito par divers procédés, tout comme cela est fait pour les Shinken. En effet, vous noterez que les sabres de coupes sont souvent dépourvus de gorge, pour des raisons de solidité, et il est tout à fait possible de faire des Iaito sans gorge, les rendant alors plus lourds que bon nombre de Katana tranchants utilisés pour l’Iai (je pense que vous voyez où je veux en venir). Sur un Iaito, le point d'équilibre est généralement situé sur la Tsuba, tout simplement parce que c'est ce que la plupart des pratiquants exige. Le Iaito est donc généralement plus facile à manier, l’exécution des Kata de Iai et de Kenjutsu est rendue plus aisée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle de nombreuses écoles poussent leurs élèves à également travailler la coupe, de manière à sentir la différence de pratique avec les Katana. Soyons clairs : un pratiquant d’Iaido ou de Kenjutsu ne va pas commencer à faire de la coupe après ses trois premiers cours. Les Iaito « standards » sont plus faciles à manier et sont de l’avis de la très large majorité des enseignants, parfaits pour débuter.

Iaito sur mesure de chez Jisei, avec Kogatana sur saya.

Iaito sur mesure de chez Jisei, avec Kogatana sur saya.

Comment fabrique-t-on un Iaito?

Le Iaito se compose donc d’une lame en alliage d’aluminium moulée, d’une tsuka avec son tressage, de Kanagu (Tsuba, Fuchi/Kashira, Menuki), et d’une saya laquée.
Quel que soit l’atelier où sera fabriqué le Iaito, toutes les lames proviennent de la même fonderie, située dans la région de Gifu. En fonction des ateliers, les alliages et dimensions des lames peuvent cependant varier légèrement et la fonderie répond aux demandes spécifiques de chaque atelier.

Ces lames, brutes, sont ensuite polies avec du papier de verre, entre 8 et 16 fois, selon la qualité de finition souhaitée. Ce processus est particulièrement long, en particulier en ce qui concerne la gorge, ou pour certaines finitions, les « meules » ne pouvant pas être utilisées, le ponçage est terminé à la main (il faut jusqu’à 4 heures pour terminer une gorge à la main sur un modèle très haut de gamme). La lame est ensuite chromée pour la protéger des rayures et de la rouille, directement dans un atelier spécialisé dans ce processus. À cette étape, pour que les lames puissent être plongées dans le bain de chrome, on perce un trou dans le nakago (la partie de la lame se trouvant à l’intérieur du manche) que l’on appellera « mekki-ana » (trou pour le chromage). Ce trou est une spécificité des Iaito puisque ce processus n’existe pas dans le cas de lame en acier. Enfin, le Hamon est réalisé par dépolissage (papier de verre) en toute dernière étape de fabrication de la lame. Il existe plusieurs centaines de motifs répartis en une vingtaine de catégories, de manière à obtenir des résultats différents y compris pour un même Hamon.

Iaito - Réalisation du hamon par dépolissage

Iaito - Réalisation du hamon par dépolissage

Iaito - Finition de la gorge au papier de verre

Iaito - Finition de la gorge au papier de verre

D’un point de vue technique, les Kanagu – Tsuba, Fuchi, Kashira, et Menuki principalement – se divisent en 2 classes : les Kanagu « moulés », et les Kanagu sculptés à la main. Fabriqués en cuivre, aluminium, fer forgé, en corne, ou encore en or ou argent massif, la matière est soit laissée brute, soit finie via différents processus, telles que l’oxydation, la fumigation, ou l’exposition à la chaleur pour l’obtention d’un aspect antique, ou encore par la fixation d’un plaquage partiel ou total d’or ou d’argent.

Bien entendu, les Kaganu moulés, bien que toujours finis à la main, sont bien meilleurs marchés que les Kanagu intégralement sculptés. Dans le cadre de la fabrication d’Iaito ou de la restauration de sabres anciens (mais non précieux), et ce pour des raisons de coût, ce sont les Kanagu moulés qui sont préférés, mais certains Iaito haut de gamme sont bien équipés de Kanagu sculpté à l’ancienne.

Le tressage de la Tsuka se fait traditionnellement en coton, soie ou cuir, et le tressage est réalisé par un spécialiste de cette pratique, le Tsukashi.

Sous le tressage on trouve une pièce de peau de requin, ou « samekawa », généralement blanc ou noir. Si les Samekawa de Shinken enveloppent totalement la Tsuka, sur les Iaito, seules deux languettes sont apposées sous le tressage sur la partie visible de la Tsuka, cela pour des raisons de coût à nouveau.

La réalisation de la Tsuka se fait, tout comme la Saya, en bois de magnolia japonais ou « Magnolia obavata ». Son rapport solidité/légèreté ainsi que la facilité à le travailler en font un excellent bois, notamment pour obtenir des Saya solides mais légères.

Les Saya étaient à l’origine laquées avec de l’« Urushi », une laque végétale très allergène à l’état liquide et largement utilisée dans tous les pans de l’art japonais, et ce depuis plusieurs millénaires. On ajoutera à l’Urushi divers composants pour en modifier la couleur : c’est d’ailleurs cette recherche d’une couleur spécifique qui caractérise, encore de nos jours, les artisans laqueurs. Aujourd’hui, les Saya sont souvent finies avec un composé uréthane, plus résistant et plus facile à travailler que l’Urushi. Cependant, comme pour les Kanagu, les Saya haut de gamme, y compris dans la fabrication d’Iaito, sont toujours laquées à l’Urushi.

Jisei – Menuki réalisé pour célébrer l’entrée dans l’année du cheval (2014). Chaque Menuki reprend 6 des 12 signes astrologiques chinois, le cheval est doré à l’or, et la souris, signe opposé, est plaqué argent.

Jisei – Menuki réalisé pour célébrer l’entrée dans l’année du cheval (2014). Chaque Menuki reprend 6 des 12 signes astrologiques chinois, le cheval est doré à l’or, et la souris, signe opposé, est plaqué argent.

Vous l’aurez compris, les composants utilisés pour la fabrication d’Iaito ne sont pas tout à fait les mêmes que pour la fabrication de Shinken. Les lames des Iaito sont standardisées, ce qui permet de disposer à l’avance d’un stock de Saya, de Tsuka, et de Kanagu (comprenant le Habaki et les Seppa) pour, une fois une commande reçue, n’avoir qu’à polir la lame, réaliser le Hamon et le montage.

Ce processus permet de fabriquer un Iaito en quelques jours (même si le délai réel est plus long compte tenu de la charge de travail des artisans), et ce, pour un tarif allant de 250 à 1000 €. Si l’on compare à la restauration d’un sabre pour lequel l’intégralité du Koshirae sera réalisée à la main, sur mesure (compte tenu du fait que ces lames ne sont pas standardisées), il faut alors 2 à 4 mois selon la disponibilité des artisans et le niveau de finition souhaitée. Le simple laquage de la saya peut prendre jusqu’à cinq semaines en raison des temps de séchages de chaque couche. Et le prix, lame non comprise, variera entre 1500 et 3000 €.

Les artisans que nous avons rencontrés fabriquent parfois des Iaito à l’identique d’un Shinken (parfois même jusqu’à copier la lame tranchante en Tamahagane pour réaliser sa copie en aluminium). Le processus peut prendre jusqu’à 6 mois et coute environ 3000 € (bien que cela puisse monter beaucoup plus haut en fonction des Kanagu à copier).

Ce service permet à certains maîtres de voyager dans certains pays et de donner des cours avec une lame identique à leur sabre de coupe habituelle qui elle, ne serait pas autorisée à entrer dans le pays en question.

Minosaka et Nihon Token

Minosaka et Nihon Token sont des ateliers qui se sont installés dans les années 1970 et dont les premiers dirigeants étaient des artisans spécialisés dans le travail du métal. Leur rencontre avec cet artisan venu de Fukuoka et ayant eu le premier l’idée de concevoir des répliques de Shinken pour l’entrainement d’Iai d’une part, et leurs connexions leur permettant de créer un réseau d’artisans produisant chacun les diverses pièces utilisées dans la fabrication des Iaito d’autre part, leur permettent de s’établir et de créer leur atelier sur des bases solides.
Dans un premier temps, le travail intégralement manuel se révèle trop couteux pour des sabres simplement destinés à l’entraînement, et il leur faudra quelques années de recherches pour obtenir des alliages adaptés à la fabrication des Iaito que nous connaissons aujourd’hui. C’est dans les années 1980 que la qualité que nous pouvons apprécier aujourd’hui est atteinte.
Bien entendu, à l’écoute des pratiquants de nombreuses tentatives de modifications des alliages utilisés seront faites au fil des années, et si quelques améliorations ont été retenues, le composé zinc/aluminium dans les proportions (confidentielles) utilisées aujourd’hui semble s’imposer comme étant celui qui répond le mieux aux besoins.

Le travail de ces ateliers ne se limite pas à la fabrication et à l’assemblage des Iaito : il faut également en concevoir les Koshirae. Cela passe par des recherches historiques sur les différentes tendances en fonction des époques, les matériaux utilisés, les sujets artistiques explorés par les artisans, etc.
Ainsi, on retrouvera souvent les termes « Jidai » en référence aux grandes tendances du moyen âge japonais, « Higo » représentant une synthèse des tendances de la région Higo no Kuni (aujourd’hui Kumamoto), ou encore « Tensho » en référence à l’ère Tensho (16ème siècle), etc.
Dans la même logique, les Kanagu sont généralement nommés de 2 manières : par le nom du clan ou du samouraï célèbre ayant beaucoup utilisé le modèle, ou tout simplement par ce que l’objet représente. Les Hamon sont également copiés à partir de sabres historiques et peuvent correspondre à une tendance relativement vague, mais également à une réplique exacte d’un sabre célèbre, ou au « style » de hamon d’un forgeron en particulier.

Le travail de nommage des éléments est issu d’une collaboration entre artisans et historiens.. D’un point de vue technique, énormément de choses sont envisageables, et l’évolution de cet artisanat ne doit pas rester figé au nom d’une sacrosainte histoire avec un grand H, le tout est de savoir poser des limites entre ce qui est historiquement acceptable et ce qui ne l’est pas.
Le Hamon est un bon exemple des dérives potentielles. Si l’on peut aujourd’hui créer n’importe quel motif sur une lame en alliage, le Hamon était obtenu par trempe sélective de l’acier et dépendait à la fois du travail du polisseur, mais également du travail du forgeron et donc, de la structure de la lame. Certains motifs sont totalement inconcevables, car physiquement irréalisable avec un sabre en Tamahagane, et là, nous atteignons une limite à ne pas franchir dans la fabrication d’Iaito se voulant être une réplique fidèle du Nihonto.

Les ateliers de Minosaka (gauche) et de Jisei (droite)

Les ateliers de Minosaka (gauche) et de Jisei (droite)

Minosaka (photo de gauche) prend le parti d’internaliser une grande partie du processus de fabrication et de limiter les possibilités offertes, notamment en termes de choix des Kanagu et des types de lame. Cela leur permet une production plus rapide et une gestion plus simple de l’atelier. À la fin des années 80, le fondateur de Minosaka fatigué par de longues années d’artisanat se retire pour s’adonner à sa passion, la cuisine. Il cède Minosaka au plus compétent de ses artisans, M. Wakihara. Avec l’aide de diverses boutiques présentant leur produit, Minosaka est peu à peu devenu une marque reconnue et gage de qualité. Aujourd’hui, Minosaka produit environ 20 pièces par jour. Vous trouverez une collection d'Iaito Minosaka sur SeidoShop..

À l’inverse, Nihon Token (photo de droite) prend le parti d’externaliser totalement la production des différents éléments. Leur travail consiste donc à concevoir les Koshirae, à contrôler la qualité du travail des artisans, puis à assembler les Iaito. Les assembleurs sont également formés à divers processus de fabrication pour être polyvalents lorsque cela est nécessaire.
Jusqu’à récemment, Nihon Token produisait ses Iaito sans marque et fournissait de très nombreuses boutiques et marques japonaises plus ou moins connues. En 2009, Nihon Token décide d’ouvrir une fenêtre commerciale sous le nom de Jisei. Le responsable de Jisei, M. Isobe sera alors le concepteur des Koshirae qui seront vendus sous cette marque. Nihon Token produit 30 à 40 pièces par jour. Une collection d'Iaito Jisei sera bientôt disponible sur SeidoShop. (Mise à jour : ils sont désormais disponibles en suivant ce lien).

Comme dans de nombreux domaines touchants aux traditions japonaises, le milieu des fabricants d’Iaito et de Nihonto est très fermé. Apprendre à connaître les artisans et les rencontrer permet de se rendre compte à quel point le fossé est gigantesque entre l’humilité discrète de ces artisans et l’argumentaire marketing que l’on trouve chez leur revendeur. M. Isobe nous confiait que jusqu’à la création de Jisei, très peu de boutiques savaient réellement ce qu’elles vendaient. Jisei fut la première boutique dépendant directement d’un atelier de fabrication et le travail de M. Isobe a consisté et consiste toujours à apporter des informations très précises aux pratiquants et aux clients. Cela a permis de secouer un petit peu le milieu et a poussé certaines boutiques à faire un travail de recherche et d’apprentissage sur les produits qu’ils proposent. Cet état d’esprit est d’ailleurs l’un des principes fondateurs de Seido, et c’est ce qui nous a permis de nous rapprocher et de nous apporter la confiance de M. Isobe.

Il est important de noter que la qualité mécanique, c’est à dire l’équilibrage ainsi que la solidité de la lame et du montage, des Iaito Minosaka sont similaires à la qualité des Iaito Jisei. La différence se situe principalement dans le mode de travail de chaque atelier, et dans les choix artistiques propres à chacun. Même si l’on peut noter de très légères spécialités, comme une meilleure finition des gorges chez Jisei, et une meilleure finition du Yokote (pointe) chez Minosaka, les différences sont minimes.

Le Nihonto

Sabre traditionnel fabriqué en acier japonais, le Tamahagane, le Nihonto est le symbole de tout un pan de la culture japonaise. Son Histoire, sa mythologie, ses processus de fabrication et ses légendes en ont fait un objet mythique de fantasmes, tant dans la culture japonaise que dans la culture occidentale.

Le Nihonto fut en réalité de qualité très variable selon les périodes et selon les moyens de son possesseur. On peut estimer aujourd’hui qu’une majorité des sabres fabriqués pendant l’ère Edo n’étaient pas destinés au combat et n’ont probablement jamais servi. À l’époque, et malgré la paix relative qui durera près de 200 ans, près de 10 % de la population faisait partie de la classe des samouraïs, des samouraïs fonctionnaires en réalité qui, lorsqu’ils le portaient, possédaient souvent un sabre d’apparat, tranchant certes, mais absolument pas destiné à être sorti de son fourreau.
On peut également prendre l’exemple des Gunto, les sabres militaires et dont la qualité a fortement fluctué en fonction des finances de l’état.

Nihonto – Lame par le maitre forgeron Hizen Tadayashi, période Edo (1613).

Nihonto – Lame par le maitre forgeron Hizen Tadayashi, période Edo (1613).
Présentée au Tokyo National Museum (Ueno).

Un Nihonto neuf coûte aujourd’hui plus cher qu’une antiquité (en raison notamment des quotas évoqués en début d’article). Il faut compter, lame et koshirae compris, un minimum de 6000 à 8000 € pour un sabre « neuf », et dans les 4000 à 6000 € pour un sabre historique « utilisable » (cela peut bien entendu monter beaucoup plus haut).

Jetez un coup d'oeil sur notre interview-reportage de l'atelier Minosaka

Lexique des termes utilisés dans cet article

  • Katana, « 刀 » : sabre : désigne un sabre de forme japonaise. Terme générique.
  • Shinken, « 真剣 » : vrai sabre : désigne un sabre tranchant (fabriqué au Japon ou non).
  • Nihonto, « 日本刀 » : sabre japonais : désigne un sabre fabriqué au Japon.
  • Shinsakuto, « 新作刀 » : nouveau sabre : désigne un sabre fabriqué de nos jours (au Japon ou non).
  • Iaito, « 居合刀 » : sabre d’Iaï : désigne le sabre utilisé pour la pratique de l’Iaido.
  • Mozoto « 模造刀 » ou Mogito, « 模擬刀 » : imitation de sabre.
  • Koshirae, « 拵え » : préparation ou arrangement : désigne l’arrangement général du style d’un sabre (lame exclue).
  • Tsuka, « 柄 » : poignée : désigne la garde fuchi et kashira inclus ou non inclus.
  • Tsukaito, « 柄糸 » : poignée – fil/cordon : désigne le cordon enroulé autour de la tsuka.
  • Samekawa, « 鮫川 » : requin – peau : désigne la peau de requin située sous le tsukaito autour de la tsuka.
  • Menuki, « 目貫 » : œil – trou : désigne les pièces généralement fixées au samekawa, mais prises sous le tsukaito, ayant à l’origine pour but de détourner le regard de l’éventuel mekugi (goupille permettant de fixer la lame à la tsuka) relativement proche et peu esthétique.
  • Tsuba, « 鍔 » : garde.
  • Fuchi, « 縁 » : connexion, bord : désigne la pièce décorative connectant la tsuka à la tsuba.
  • Kashira, « 頭 » : tête : désigne la pièce fixée sur le pommeau de la tsuka.
  • Saya, « 鞘 » : fourreau.
  • Urushi, « 漆 » : laque (désigne spécifiquement la laque provenant du Toxicodendron vernicifluum).
  • Tamahagane, « 玉鋼 » : joyau – acier : désigne l’acier de très haute qualité utilisé pour la fabrication du Nihonto.
  • The 5 traditions de forges, « 五ヶ伝 » : les 5 grands centres (régions) traditionnels, Bizen, Mino (actuelle région de Gifu), Soshu, Yamashiro et Yamato.

Cet article est une retranscription améliorée de l’article que nous avons publié dans le Magazine Dragon Spécial Aikido HS N°4 (ISSN 2261-1134, avril 2014).

5 commentaires - Iaito – Origine et méthodes de fabrication


Publié par Daniel le .

I have an older Iaito that I’ve been using for Iai-jutsu, it seems to be well made, has good balance and weight, and a nicely made kissaki. However the company that used to sell the model no longer does so and has no information on it. Since it’s an older sword I have concerns about the durability of the metal. Are there any ways I can find out the type of alloy used or otherwise check that it’s not about to fall apart?


Publié par jaime le .

If I want a custom saya for my katana, can you do it?


Publié par Andres Guerrero Yanez le .

Gusto en saludarlos, me interesa adquirir un Iaito y les solicito su ayuda para saber acerca de las directrices para elegir.
Saludos y atento a sus observaciones.


Publié par Jordy Delage le .

In reply to Andres Guerrero Yanez.
Thanks for your comment Andres.
I’m sorry, but we do not have support in Spanish. You can send your inquiry in English, French, German or Japanese using contact form and we’ll get back to you asap.


Publié par Superior Swords le .

A very nice information about how to keep our swords blade sharp and intact. Swords looks beautiful when they are kept sharp. When their blades are sharp and shiny.


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