Les différentes essences de bois utilisées pour la fabrication de Bokken

Les différentes essences de bois utilisées pour la fabrication de Bokken

Chêne rouge / blanc, Isu no Ki, Sunuke, Camélia, Biwa, etc.

L'une des raisons pour lesquels les Bokken japonais sont si réputés est l'origine du bois utilisé pour leur fabrication. La forêt de Kirishima Sankei, dans la région de Kyushu, produit un bois d'une qualité exceptionnelle. C'est pour cette raison que naturellement les ébénistes les plus célèbres du pays sont apparus dans la région. Résistance, résilience, solidité, flexibilité, poids, densité, couleurs, chaque bois a des caractéristiques spécifiques et est utilisé dans un but précis. Cet article à pour but de vous expliquer en détail l'origine, les qualités, et les raisons de l'utilisation de chaque essence.

Bokken : différentes essences de bois

Ebene, Néflier, Camélia, Sunuke, Isu, chêne rouge, chêne blanc, et "vrai" chêne rouge.

L'origine du bois

A Miyakonojo, où 90% des armes en bois vendues au Japon sont fabriquées, on utilise principalement des bois issus de la foret de « Kirishima Sankei » (sud de Kyushu), à l’exception du « kiri » poussant dans le nord du Japon (Hokkaido), du « Shima Kokutan » (ébène asiatique) provenant d’Asie et du « Hon kokutan » (vrai ébène - provenant d’Afrique). Les forêts du sud de Kyushu bénéficient d’un climat doux et humide. Le sol fertile mais surtout d’une grande quantité de pluie pour un ensoleillement continu et fort. Ce sont ces caractéristiques climatiques qui rendent les arbres du Kyushu particulièrement adaptés à la fabrication de bokken. Contrairement à la plupart des bois de chêne que l’on trouve de part le monde, le chêne de Kyushu flotte dans l’eau. Ceci montre à quel point le sol et le climat ont un rôle important, peut-être même plus que la nature du bois. Ce n’est pas un hasard si la grande majorité des menuisiers/ébénistes d’art du Japon sont installés dans la région.

Pour le chêne ou l’isu no ki le temps de pousse est d’environ 80 ans, alors que pour le sunuke, le biwa ou le kokutan il faut compter plus de 200 ans. La rareté des bois et les quotas de coupe expliquent les différences importantes de prix. On différencie principalement deux types de bois, les bois tendres qui acceptent bien les chocs et les bois durs souvent de meilleure apparence mais supportant moins bien les chocs. Le fait que les bois « durs » soient également des bois plus précieux est un hasard. On parle également de résilience pour parler de la capacité d’un bois à absorber un choc. (Ci dessous, une coupe de tronc de Sunuke (Isu de plus de 300 ans)).

Tronc de Sunuke

Tronc de Sunuke

Les différentes essences de bois

Cliquer sur le titre du bois vous emmènera sur la fiche produit du site SeidoShop

Chêne Rouge Standard

Ichiikashi (akagashi) : Avec la diminution très importante des stock de chêne rouge à la fin du 20e siècle. L'Ichiikashi aux caractéristiques très proche du chêne rouge historique (Hon Akagashi / vrai chêne rouge) remplace peu à peu ce dernier. Le seul atelier à encore utiliser du Hon Akagashi en série est l'atelier Horinouchi, pour ses armes de qualité supérieure.
Les bokken « Akagashi Standard » de notre catalogue sont en Ichiikashi.
Si ce bois peut sembler moins attrayant que le chêne blanc ou le "vrai chêne rouge", il faut savoir que des tests scientifiques précis ont été effectués avec le concours de l'armée japonaise et qu'il n'a pas été possible de trouver de différence significative au niveau de ses caractéristiques techniques. Ce bois est donc tout aussi solide que les autres types de chêne.

Hon Hakagashi

Hon Akagashi (« vrai » chêne rouge) : Quercus acutissima de son nom latin, est un arbre qui pousse dans les régions au climat subtropical. Avant que l'Ichiikashi ne soit utilisé, le "chêne rouge" était donc du Hon Akagashi (vrai chêne rouge). Le Hon Akagashi est plus foncé et un petit peu plus lourd, mais il n'est pas significativement plus solide que l'Ichiikashi ou que le chêne blanc.
Chez SeidoShop, les modèles Akagashi Supérieur sont en « Hon akagashi ».

Shirakashi

Shirakashi (chêne blanc) : Lu aussi « Shirogashi » ou « Shirokashi » (ces trois appellations ne sont en fait qu’une question de prononciation) est une variation du chêne rouge et appartient à la même espèce. La très grande majorité des Bokken fabriqués est en chêne blanc ou en chêne rouge. Le chêne blanc est un peu plus lourd que le chêne rouge et est souvent considéré, à tort, comme plus solide. La différence entre les modèles Shirakashi Standard et Shirakashi Supérieur de notre catalogue tiennent à la finition ainsi qu'à la sélection du bois.

Isu no Ki

Isu no ki (distylium racemosum) : signifie littéralement « bois de chaise » et tient son nom au fait qu’il est depuis très longtemps utilisé dans la fabrication de chaises de grande qualité. Ce bois est aussi traditionnellement utilisé dans la fabrication de talismans car la légende lui accorde le pouvoir de lier les choses et les gens (musubi). Il s’agit d’un bois légèrement moins dur que le chêne blanc résistant bien aux chocs, plus beau, d’une couleur brune/rosée clair à une couleur marron relativement foncée, il est plus doux et donc plus agréable au toucher que le chêne. Moins résistant que le chêne et plus léger, il est généralement conseillé pour la pratique avec peu de contact et pour les femmes.

Kiri

Le Kiri (Paulownia) : est un bois qui pousse dans le nord du Japon, mais originaire de Chine et de Corée. Cet arbre produit un bois qui absorbe très peu l’humidité et qui conduit très mal la chaleur. De par ses qualités, son bois fut longtemps utilisé pour fabriquer des meubles et des coffres. Il est aussi réputé pour être le bois le plus léger du Japon. C’est la raison pour laquelle il est utilisé pour fabriquer des Bokkens ultralégers pour les pratiquants souffrant de douleurs aux épaules, ou encore pour les kata de prière.

Buna

Buna (Hêtre crénelé du Japon) : Le Fagus crenata de son nom latin est un bois qui pousse dans tout le Japon, d’Hokkaido à Kyushu ; et qui est très populaire dans l’art du Bonzaï pour la beauté de son écorce et de ses feuilles. D’un aspect très clair avec des teintes jaunâtres, il est très agréable au toucher et bien qu’un peu moins solide que le chêne, il reste très léger : c’est notamment pour cette principale caractéristique associée à son aspect original que ce bois est utilisé dans la fabrication de Bokken, particulièrement de Bokken adaptés aux enfants.

Sunuke

Sunuke : Cet arbre n’existe pas en tant que tel, il s’agit d’une appellation utilisée par les artisans du Kyushu pour parler d’un arbre de l'Isu no Ki lorsque celui-ci, ayant plus de 300 ans d’age s'est densifié en son cœur pour produit un bois massif sombre et dense. « Su-nuke » signifie littéralement « sans cœur », car arrivé à un certain âge le cœur du tronc se creuse, permetant la densification du bois aux alentours. Sur la photo en début d'article, vous pouvez voir une découpe d’un tronc de sunuke vide en son centre. Le Sunuke est un bois relativement dur qui ne supporte pas très bien les chocs, son odeur spécifique est particulièrement agréable. Son apparence fait de lui un bois magnifique et son poids le rend particulièrement adapté à la fabrication des Bokkens lourds. C’est par ailleurs un choix idéal pour la fabrication de support (katanakake) haut de gamme, puisque son poids permet de stabiliser l'ensemble. Le sunuke est une essence de bois travaillée exclusivement dans la région de Kyushu depuis plus d'un siècle. Aujourd'hui, les armes fabriquées en Sunuke font d'excellentes pièces à offrir en cadeau.

Bokken Sunuke & Tsubaki (camélia) - Tsukagashira (pommeau)
Tsubaki

Tsubaki (Camélia japonais) : ou Carmelia japonica de son nom scientifique et principalement présent dans les régions subtropicales japonaises est utilisé depuis l'origine même de l'artisanat japonais pour créer des objets de la vie quotidienne. D'une couleur uniforme variant du blanc cassé au jaune orangé, le camélia est un excellent bois pour la fabrication de Bokken haut de gamme. En effet, son poids relativement proche du chêne (et significativement plus léger que le Sunuke) permet la fabrication de Bokken parfaitement utilisable pour l'entrainement. Cependant plus fragile que le chêne, le camélia n'est pas recommandé pour la pratique en plein contact.
Le camélia n'est utilisé que depuis une trentaine d'année dans la fabrication de Bokken, en remplacement du légendaire Néflier (voir plus bas).
Rebaptisé "Biwa" (néflier) par de nombreux artisans (fabriquants d'armes ou non) pour sa ressemblance avec le véritable néflier, Seido a fait le choix de proposer ce bois sous son véritable nom le Tsubaki (camélia) pour éviter toute méprise avec le Néflier aujourd'hui appelé "Hon Biwa". En France comme au Japon, La quasi totalité des armes vendues sous le terme "Biwa" est en réalité en Tsubaki.

murasaki kokutan

Murasaki Kokutan (ébène pourpre) : aussi appelé « bois de fer » est doté d’une odeur particulièrement agréable et d’une couleur ambrée très caractéristique. Ce bois est légèrement rugueux au toucher, on peut dire qu’il se situe entre le Sunuke et l’ébène asiatique. Sa densité en fait un bois lourd parfaitement adapté pour les suburi et les pratiquants qui apprécient la pratique avec un bokken lourd. Il est cependant nécessaire de le conserver en évitant l’humidité et les changements de température qui pourraient avoir un effet néfaste sur la qualité du bois. Comme tout les types d'ébène, le Murasaki Kokutan est un bois dur, peu résilient et donc non adapté à la pratique en plein contact.

Biwa

Hon Biwa (Neflier du Japon) : ou Eriobotrya japonica de son nom scientifique est un bois extremement solide et résilient. C'est sans aucun doute l'essence de bois la plus adaptée à la fabrication de Bokken utilisable pour la pratique en plein contact. Beaucoup de légendes, probablement tirées de faits réels existent autour des Bokkens en néflier et l'une notamment qui rapporte qu'un coup reçu avec un Bokken en Biwa mettra plusieurs jours à faire apparaitre un bleu. La tendresse du bois favorise la pénétration de l'impact et entrainant des dommages plus profonds qu'un bois dur. Malheureusement, le Biwa est un arbre relativement mince où sur une même portion on ne peut faire qu’un, deux, voir trois Bokken lorsque l'on a de la chance. Il met plusieurs centaines d'années à atteindre une taille suffisante pour que l'on puisse prélever une longueur suffisante sur le tronc pour la réalisation d'un Bokken sans défaut.
Si l'on ajoute à cela la forte diminution de Biwa ces 30 dernières années ayant entrainé la mise en place de quotas draconiens par le gouvernement, on comprends alors le prix d'un Bokken en Biwa, soit d'environ 800€ (le prix ayant été multiplié par 4~5 depuis les années 70).
Le « vrai » Biwa se trouve sous l’appellation "Hon Biwa", puisque l’on trouve maintenant du Tsubaki (camelia) vendu sous le nom de « Biwa ». Il faut cependant bien signaler que si les artisans utilisent le mot "Biwa" pour désigner le Tsubaki et le mot "Hon Biwa" pour désigner le néflier, ces derniers ne font que reprendre un usage largement répandu dans l'industrie du bois et ils sont donc parfaitement honnêtes à ce sujet avec leurs clients. Un Bokken offert à un tarif inférieur à 700€ et ayant l'appellation "Néflier du Japon" est tout simplement une arnaque de boutiques essayant de profiter de la situation.

Bokken Hon Biwa (Néflier du Japon) - Kissaki
Shima Kokutan

Shima Kokutan (ébène d'asie) : ou Ebenaceae diospyros est un bois noir marbré de veines plus claires (shima / lignes en japonais) qui pousse principalement en asie tropicale. Le Shima Kokutan est utilisé aujourd'hui pour la fabrication de Bokken qui proviennent principalement d'indonésie.
Il s'agit d'un bois dur, solide, et très lourd, idéal pour la pratique des suburi, mais trop peu résilient pour être utilisé pour la pratique avec contacts.
Le prix des Bokken en ébène est justifié d'un coté par le coût du bois qui est relativement rare, mais également par l'extrême difficulté à travailler un bois aussi dur.

Hon Kokutan

Hon Kokutan (ébène d’afrique) : est l'un de bois les plus durs et denses au monde. Extrêmement lourd et dur, sa densité lui confère une certaine résistance, mais son absence de résilience et de fléxibilité interdit l'utilisation de Bokken en Kokutan pour la pratique avec contact.
L’ébène d’Afrique est plus rare que l'ébène asiatique, il est importé légalement d'Afrique centrale. Son coût d'importation associé à sa rareté et à la difficulté extrême à travailler ce bois expliquent le prix très élevé d'un Bokken en Hon Kokutan. Il est utilisé principalement pour la fabrication de Bokken destinés à la décoration, ou éventuellement à la pratique des suburi. Au Japon, un Bokken en ébène d’Afrique est souvent offert à un enseignant par ses élèves lors d’une grande occasion. Ils portent toujours (sauf demande spécifique) la signature complète du maître artisan.

Bokken Hon Kokutan (Ebene d'Afrique) - Kissaki

Alors quel bois choisir pour votre Bokken ?

Pour la pratique avec contacts on conseillera l’achat d'un Bokken en bois tendre et plutôt bon marché (chêne rouge, chêne blanc). Les bois plutôt durs et lourds, avec du caractère, (Sunuke, Shima Kokutan) pour les suburi, sont plutôt appropriés pour les cadeaux ou la décoration. Le Hon Biwa et le Hon Kokutan sont plutôt destinés aux pratiquants très avancés, et feront le cadeau de groupe idéal pour un enseignant obtenant un grade élevé.

2 commentaires - Les différentes essences de bois utilisées pour la fabrication de Bokken


Publié par Raimundo Sinval le .

Gostei muito desse artigo, parabéns, assim como do que fala da espessura, forma, etc. Fabrico bokkens no Brasil (Nintaibokken), sou praticante de Aikido , e peço permissao para usar partes do seu artigo e imagens em meu blog , cuidando de mencionar a origem, que é o Aikido Journal. obrigado.


Publié par Pablo le .

I am very curious to know how cold weather affects the various types of wood, as I live in a colder climate.


Laisser un commentaire

Inscription à la newsletter

1 à 2 emails par mois maximum. Nous ne partageons pas vos données.